Il y a quelques temps j’ai eu l’occasion de rencontrer une personne sans domicile fixe (un sans-abri me direz-vous). Et lui, surprise avait réussi à s’abriter, à se loger !
Il s’agissait de Tony qui comme moi-même fait partie des citoyens du Monde. C’est dans ce cadre que je l’ai croisé.
Sa parole, ses réactions, son analyse face à certaines situations faisaient autorité (comme on dit). On c'est traité d’égal à égal et, spontanément nous nous sommes rapprochés.
J’avoue que lorsque j’ai pris connaissance de son parcours, j’ai été impressionné et j’ai appris à le connaître.
En fait, il s’agit d’un enfant de la DDASS qui vivait dans la rue, sans domicile fixe. Et le 31.12.2014 il avait décidé de « réquisitionner » un logement vide (en langage courant on appelle cela « squatter »).
En effet, il avait constaté qu’il y avait des maisons, des entrepôts, des gros bâtiments vides.
Par la suite, il a fait bénéficier d’autres personnes de son expérience et il a réussi à réquisitionner des lieux qui ne servaient plus à la société, c’est ainsi qu’il a réussi à loger depuis 10 ans 12 à 13 000 personnes.
Incroyable, mais vrai !
Lors d’un entretien, je lui ai demandé « Pour toi Tony : c’est quoi vivre dans la rue » il m’a répondu : « cela dépend des personnes, c’est dur, pénible, les personnes qui sont dans cette situation ont un mal fou à rebondir. Elles sont exclues, marginalisées, souvent isolées. Les centres d'accueil les considèrent comme des rébus de la société ; et bien souvent elles sont criminalisées, elles ont un mal fou à rebondir, c’est pénible.
Et… pourtant la construction de logements constitue une grande partie de l’économie en France.
Pour les personnes concernées, la situation est tout simplement catastrophique.
Pour eux, il n’y a pas de trêve hivernale.
Pour eux, c’est la marginalisation, c’est les problèmes de santé
Et quand elles se décident à s’adresser aux services sociaux, on se contente de leur répondre « appelez le 115 !!! ».
Dans la foulée, je lui ai posé la question suivante « compte tenu de ce que tu viens de me dire, c’est quoi se mettre à l’abri ? » et il m’a répondu spontanément « ce besoin légitime est vital, comme manger, respirer… On oublie souvent que chaque année il y a des morts ; que 1 500 à 2 000 enfants sont laissés dans la rue, que ces victimes de la société, de consommation passent leur journée à chercher à s’abriter pour la nuit, alors… que d’autres vivent dans l’opulence et gèrent le superflu. Parfois ils louent des logements insalubres ».
Alors… alors lui ai-je rajouté « cela signifie quoi : Avoir un chez-soi ?
Selon Tony qui spontanément m’a répondu en me disant « mon frère (j’étais ému et fier à la fois) « il y a celles et ceux qui rentrent dans le schéma. Ils sont souvent malades. Il y a aussi les mal-logés, celles et ceux qui sont dans la rue couchés sur un matelas, un carton, parfois une tente ».
Selon Tony, il y a en France environ 800 000 à 1 million de personnes concernées alors qu’officiellement on parle de 300 000 SDF.
Toutes ces personnes « humaines » rêvent d’un chez soi.
Alors face à cette situation il s’agit de garantir le droit à un logement gratuit et de réfléchir à des solutions des logements adaptés avec les personnes concernées pour redonner du sens de l’espoir à la vie.
« Car (me dit-il) chaque personne a du génie »
Et moi j’ai rajouté
« Tous les êtres humains sont doués il suffit de le vérifier à l’expérience ». Alors… alors face à cette situation retroussons nos manches, ouvrons notre cœur ; découvrons résolument des rêves, des utopies qui deviennent réalités »
Et… arrêtons d’en parler et faisons-le Avec les personnes concernées.
Roger WINTERHALTER
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