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Photo du rédacteurJean-Luc Wertenschlag

Robert Badinter, une conscience, une vie

(un hommage de Françoise Cante)


Ministre de la Justice dans le premier gouvernement de François MITTERRAND, à la suite du départ de Maurice FAURE, en 1981.


Pendant ce mandat, il fera successivement supprimer la peine de mort, le 19 octobre 81, c’est la 58ème des 110 propositions du programme du candidat (1). Mais également :


  • Abrogation en 82 de l’article 331 alinéa 2, réprimant les relations homosexuelles avec des mineurs de moins de 15 ans.

  • Amélioration de la condition pénitentiaire : suppression des Quartiers de Haute Sécurité (QHS)

  • Instauration des Travaux d’Intérêt Général en 1983 (TIG) pour limiter l’incarcération des personnes condamnées à des courtes peines.


Sa famille


Né en mars 1928 à Paris, de Charlotte et Simon, juifs originaires de Bessarabie région située entre la Moldavie et l’Ukraine. Il fait des études de droit à la Sorbonne, il est avocat à 22 ans.

Sa famille se réfugie à Lyon quand ils doivent porter l’étoile jaune.

Il voit disparaître son père le 27 mai 1943 pris dans une souricière nazie, gazé le 27 mars 1943, déporté en Pologne au camp de Sobibor. C’est à Cognin en Savoie, que la mère et les enfants se réfugient pour fuir la botte nazie et protéger les enfants.


R Badinter est d’abord avocat dans les milieux du cinéma, il défend B. Bardot, Ch. Chaplin, sa première femme est actrice. Il se marie à la philosophe Elisabeth, fille de Marcel Bleustein Blanchet fondateur de l’agence Publicis.


Ses combats 


Professeur de droit à l’Université d’Amiens, sa notoriété, les valeurs humanistes et républicaines qui le portent, le conduisent à défendre les personnes condamnées de droit commun qui le lui demandent.


En 1971, il défend Buffet et Bontemps assassins de l’infirmière de la prison de Clairvaux. Condamnés à mort, ils sont exécutés à la Santé le 28/11/72 à Paris.

"L’exécution n’est pas une arme ! Je me suis juré, en quittant la Cour de la Santé ce matin- là à l’aube, que toute ma vie, je combattrais la peine de mort."

Il se rapproche de F. Mitterrand en 1974. C’est V. Giscard d’Estaing qui est élu à la présidentielle, soutenu par Jacques Chirac et Philippe Seguin.


Le 30 janvier 1976, Me Bocquillon lui demande de participer à la défense de Patrick Henry, assassin d’un jeune garçon à Troyes. Sa plaidoirie devient procès de la peine de mort. Condamné à perpétuité, P. Henry est libéré en 2001 pour bonne conduite après avoir purgé 20 ans de prison.


Il défendra encore les personnes accusées dans cinq autres procès. Robert Badinter n’a jamais supporté l’injustice. Il est homme toujours épris d’humanité, de justice, d’universalité.


Décès le 09 02 2024 à Paris.



Robert Badinter en 2007. Photo Denis from Paris, France — Say No to the Death Penalty (3 feb 2007)


 

 - Notes -


1 - En 1976 une étude montre que la majorité des Français est favorable à la peine de mort : beaucoup pensent encore que la peine capitale est nécessaire. Un projet de loi avait été rejeté en 1978. Autant dire que la tâche s'annonce difficile pour l'avocat. A cette date, la France est le 35ème état à l’abolir, ils sont plus de 120 actuellement.


Bibliographie (non exhaustive) et autres sources


  • L’Abolition de la peine de mort - Dalloz 2007

  • L’abolition - Fayard 2000

  • Contre la peine de mort - Fayard 2007

  • Vladimir Poutine L’accusation - Fayard 2023

  • Condorcet, un intellectuel en politique - Fayard 1988 R. et E. Badinter

  • Le procès Bousquet - Fayard 2022

  • Pour approfondir notre histoire, site des Anonymes Justes et Persécutés de la Période Nazie (AJPN)


L’Affiche Rouge


Paroles


Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes

Ni l'orgue ni la prièr' aux agonisants

Onze ans déjà que cela passe vit' onz' ans

Vous vous étiez servis simplement de vos armes

La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans


Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes

Noirs de barbe et de nuits hirsutes menaçants

L'affiche qui semblait une tache de sang

Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles

Y cherchait un effet de peur sur les passants


Nul ne semblait vous voir français de préférence

Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant

Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants

Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents


Tout avait la couleur uniforme du givre

A la fin février pour vos derniers moments

Et c'est alors que l'un de vous dit calmement

Bonheur à tous bonheur à ceux qui vont survivre

Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand


Adieu la peine et le plaisir adieu les roses

Adieu la vie adieu la lumière et le vent

Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent

Toi qui va demeurer dans la beauté des choses

Quand tout sera fini plus tard en Erivan


Un grand soleil d'hiver éclaire la colline

Que la nature est belle est que le cœur me fend

La justice viendra sur nos pas triomphants

Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline

Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant


Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent

Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant

Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir

Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant


Paroliers : Léo Ferre / Louis Aragon


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